2023-2024 / PHIL0182-3

Philosophie politique et sociale, Séminaire de philosophie politique et sociale

Durée

45h SEM

Nombre de crédits

 Master de spécialisation en philosophie et théorie politiques5 crédits 

Enseignant

Chiara Collamati, Edouard Delruelle

Langue(s) de l'unité d'enseignement

Langue française

Organisation et évaluation

Enseignement au premier quadrimestre, examen en janvier

Horaire

Horaire en ligne

Unités d'enseignement prérequises et corequises

Les unités prérequises ou corequises sont présentées au sein de chaque programme

Contenus de l'unité d'enseignement

Révolutions

Organisation : Edouard Delruelle, Chiara Collamati

Après une longue éclipse amorcée dans les années 1980 avec les thèmes de la « fin des idéologies » et de la « fin de l'histoire », l'idée de révolution semble retrouver une certaine vigueur, au premier chef dans l'historiographie marxiste et décoloniale. Si, dans la partie occidentale et atlantique du monde, les modèles politiques véhiculés par les démocraties parlementaires et représentatives continuent de discréditer tout désir de révolution, il semble qu'il soit à nouveau possible d'entamer une réflexion sur la possibilité et les conditions mêmes de pensabilité d'un processus révolutionnaire. En poursuivant une réflexion collective entamée l'année dernière, le séminaire propose d'analyser le caractère stratifié du concept de révolution ainsi que ses ancrages historiques et matériels, indissociables du mode de production capitaliste et de ses configurations à l'échelle globale. Au croisement entre la philosophie, l'histoire, la sociologie, la Théorie critique et la pensée décoloniale, notre réflexion s'articulera autour de différents axes :

- Un premier axe concerne les changements que le concept de révolution a connus au cours de l'histoire. Si l'ancien sens du terme impliquait un retour circulaire des événements et des formes de gouvernement, en valorisant un rapport de proximité avec le passé, le concept proprement moderne de révolution se construit à partir d'une coupure qui semble rendre incommensurables la dimension du passé et celle du futur. Il s'agira d'interroger (et de redécouvrir) la pluralité des paradigmes temporels propres à différents récits historiographiques et à différentes expériences historiques de la révolution, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur de l'espace européen.

- Un deuxième axe assume comme angle d'analyse la critique marxienne de l'économie politique. Si les limites (à la fois philosophiques et politiques) du déterminisme historique et de l'idée d'une supposée « nécessité dialectique » de la révolution sont désormais reconnues et acquises, on voudrait plutôt creuser la manière dont les différents « marxismes » ont posé le problème d'une transformation radicale des conditions matérielles de production et reproduction de la vie des hommes et des femmes. Il s'agira dans ce cadre d'interroger à nouveaux frais l'articulation entre le concept de révolution et celui d'émancipation.

- Un troisième axe s'intéresse au rapport entre l'événement insurrectionnel et le temps long du processus révolutionnaire, ou encore entre la révolution et l'ordre juridico-institutionnel qui est appelé à en garantir les acquis, en particulier la constitution. En effet, toute révolution est par essence anticonstitutionnelle, et se présente en même temps toujours comme la fondation d'une nouvelle constitution. Comment comprendre ce paradoxe ? Est-il possible de penser la révolution sans mobiliser, ne serait-ce qu'implicitement, les idées de « souveraineté » et de « pouvoir constituant » ?

- Un quatrième axe, inspiré entre autres par les échanges que nous avons eues l'année dernière avec Enzo Traverso à partir de son livre Révolution. Une histoire culturelle (Paris, La Découverte, 2022), consiste à interroger l'histoire des événements révolutionnaires (et plus généralement des idées politiques qui y sont liées) à la lumière d'autres registres sémantiques, d'autres « produits culturels », notamment l'art figurative et le cinéma.

Le séminaire se clôturera avec une journée (le vendredi 8 décembre) autour d'un cas d'étude tiré de l'actualité, à savoir l'expérience révolutionnaire prenant place dans l'Administration autonome du Nord et de l'Est (ou « Rojava » en kûrmanci) et qui en 2023 fête sa onzième année. Cette expérience politique, pour importante et innovante qu'elle soit, reste peu connue, en particulier dans le contexte francophone. La journée d'étude cherchera à explorer ce que cette expérience politique peut nous apprendre tant d'un point de vue philosophique et de théorie politique, que sociologique, juridique, et politologique.


Programme : 

Jeudi 5 octobre : Edouard Delruelle (ULiège) : Introduction générale

Jeudi 12 octobre : Chiara Collamati (ULiège) : 1848, le péché originel de la bourgeoisie

Jeudi 19 octobre : Thomas Bolmain (ULiège) : La Commune de 1871, événement et institutions

Jeudi 26 octobre : Maud Hagelstein (ULiège) : Jules Michelet, entre historiographie et poétique de la révolution

Jeudi 9 novembre : Juliano Ferrera de Souza (UCL): Contre-révolution et révolte dans l'œuvre de Herbert Marcuse

Jeudi 16 novembre : Martin Georges (ULiège) : Lutte de classe, droit et révolution dans le Parti ouvrier belge

Jeudi 23 novembre : Jeremy Hamers (ULiège) : Réflexions à partir de « Vidéogrammes d'une révolution» (A. Ujica & H. Farocki, 1992)

Jeudi 30 novembre : Bruno Frère (ULiège) : Révolution égal émancipation ?

Jeudi 7 décembre : Exposés des étudiants et discussion collective

Vendredi 8 décembre (10h-18h) : Journée d'études "Révolution et pratiques démocratiques au Rojava" avec Giuseppe Acconcia, Pierre Bance, Vincent Gerber, Anne Lagerwall, India Ledeganck, Pinar Seleck (sous reserve). 

 



 

 

 

 

Acquis d'apprentissage (objectifs d'apprentissage) de l'unité d'enseignement

Acquisitions de contenus approfondis, conceptualisation et problématisation sur une question centrale de la philosophie théorique et pratique contemporaine.

Savoirs et compétences prérequis

Formation de premier cycle en philosophie et/ou en sciences humaines, sociales et juridiques.

Activités d'apprentissage prévues et méthodes d'enseignement

Participation active aux séances du séminaire.

 

Mode d'enseignement (présentiel, à distance, hybride)

Cours donné exclusivement en présentiel


Explications complémentaires:

 

Le séminaire se tiendra tous les jeudis du premier quadrimestre (du 5 octobre au 7 décembre), de 16h à 19h dans l'Espace Paysager au 3ème étage du Département de Philosophie de l'Université de Liège, place du 20-Août, 7 (Bâtiment A1), 4000 Liège (centre-ville). 


 

 

 

 

 

Lectures recommandées ou obligatoires et notes de cours

Lectures obligatoires éventuelles : une bibliographie sera communiquée aux étudiants en cours de route

Modalités d'évaluation et critères

Examen(s) en session

Toutes sessions confondues

- En présentiel

évaluation écrite ET évaluation orale

Travail à rendre - rapport


Explications complémentaires:

Exercice 1 : Synthèse et élaboration autonome d'un contenu circonscrit

Lors de chaque séance, on désignera un(e) « étudiant(e)-rapporteur » qui aura pour tâche de présenter, au début de la séance suivante, un bref aperçu de la séance précédente, ainsi que d'élaborer une question articulée à laquelle les professeurs titulaires répondent. Les autres étudiant(e)s sont invité(e)s à participer à la discussion. Le rapport et la question devront être exposés en un temps maximal de 5 minutes et une version écrite (entre 5.000 et 6.000 caractères) devra être fournie aux titulaires. La qualité formelle (orthographe, style) sera prise en compte. Les étudiants qui, faute de place, ne pourront pas faire l'exercice oral, devront également rendre un court résumé et une question écrite à propos d'une séance de leur choix.

Exercice 2 : Esprit critique, problématisation d'une thématique plus générale et capacité à susciter le débat

Lors de la séance conclusive (15 décembre), chaque étudiant(e) fera une intervention orale de 10 minutes. L'intervention consistera dans la formulation d'une question philosophique élaborée, laquelle peut porter soit sur l'ensemble du séminaire (question transversale), soit sur l'un des exposés (avec l'attention de ne pas choisir la même séance prise en charge en tant que rapporteur). La version écrite de l'intervention (entre 5.000 et 6.000 caractères espaces compris) devra tenir compte et intégrer les éventuelles remarques faites lors de la séance conclusive et être soignée au niveau formel (orthographe, style).

Exercice 3 : Apprendre le format « communication scientifique », requis pour participer à un Colloque ou à une Journée d'études

Cet exercice se fera lors de la séance d'examen (en Janvier) et consiste en un exposé oral de 20 minutes maximum sur un sujet en lien avec le thème du séminaire. L'exposé doit être structuré de manière claire et rigoureuse et présenter une argumentation originale ;  il peut porter soit sur un auteur (ou un courant de pensée), soit sur un concept (ex: aliénation), soit sur une problématique ou un cas d'espèce (ex: migrants). Même si la perspective du MAP est résolument transdisciplinaire, l'exposé doit être de nature philosophique Le choix du sujet sera préalablement validé par les enseignants, sur proposition des étudiants. Une semaine avant la discussion orale, les étudiants doivent rendre le texte écrit de leur exposé (max 25.000 signes, espaces inclus).

NB :

- pour les étudiants « Séminaire » : l'évaluation se fera à travers les exercices 1 et 2 ;

- pour les étudiants de la finalité approfondie (rubrique « Travaux de recherche à partir du Séminaire »), l'évaluation se fera à travers l'exercice 3.


 

 

 

 

 

Stage(s)

Remarques organisationnelles et modifications principales apportées au cours

Contacts

e.delruelle@uliege.be

chiara.collamati@uliege.be

Association d'un ou plusieurs MOOCs